De plus en plus d’États s’intéressent à la formule du vote anticipé lors des élections présidentielles. En application depuis quelques décennies dans les pays tels que la Suède, le Canada, la Russie, la Suisse, etc., il s’agit en réalité d’un dispositif électoral qui favorise l’exprimer du droit de vote bien avant la date convenue pour les élections. S’il a fait son apparition aux États-Unis en 2004, la France, pour les prochaines élections présidentielles de 2022 entend expérimenter ce principe. Mais de quoi s’agit-il ?
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Vote anticipé : une approche à polémique
Dans la perspective des élections présidentielles de 2022 en France, le gouvernement a introduit au Sénat un amendement devant organiser et encadrer le vote anticipé. Jamais expérimenté en France, le but de cette disposition est de permettre aux électeurs d’avoir la possibilité d’exprimer leur vote en avance au niveau de certains bureaux de vote par le biais d’une machine à voter. En pratique, le gouvernement, par décret, fixe la date de l’opération.
Se défendant, le gouvernement estime qu’il s’agit d’une procédure visant à réduire considérablement le taux d’abstention qui se fait de plus en plus remarquer lors des élections. Sous un autre angle, il s’agirait d’une formule qui aiderait à recueillir les intentions de vote des électeurs dans un contexte de crise sanitaire qui pourrait impacter le processus électoral.
Mais il faut noter que cette ambition ne fait pas l’unanimité dans le rang des politiques. Aussi bien à droite qu’à gauche, les voix se sont levées pour exprimer leur désaveu. Expliquant les propos de Monsieur Bruno Retailleau, Président des sénateurs LR abondamment relayés par la presse et les plateformes s’intéressant à l’actualité politique telle que le blog Eric Duval Media Partisant , le vote par anticipation est contraire aux fondamentaux de la France.
Vote anticipé en France : Plus de peur que de mal ?
Si l’amendement devant permettre le vote par anticipation en France a été autant décrié, c’est bien parce que la classe politique peine à se faire confiance surtout en ce qui concerne les fraudes électorales. Pour d’autres, cette initiative décrédibilise le principe démocratique. Néanmoins, si les contours d’une telle approche sont bien étudiés, cela pourrait permettre à la France de rejoindre le rang des autres pays qui l’appliquent déjà.
En effet, l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDAE) dans une étude rendue publique informe, que huit pays l’expérimentent déjà. Au nombre de ces pays figurent le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Lettonie, la Norvège, la Suède, le Portugal et la Suisse.
Notons qu’en ce qui concerne le Portugal qui jusque dans un passé récent limitait le vote anticipé aux électeurs ayant des obligations professionnelles, il est désormais possible pour tous les électeurs de voter par anticipation durant les heures chaudes de la crise sanitaire du COVID-19.
En tout état de cause, si le vote par anticipation doit être expérimenté en France, le gouvernement gagnerait à rassurer toutes les parties prenantes afin de faire un consensus sur la question.
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